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Prise d’empreintes digitales obligatoire pour tous les prêtres

C’est l’une des nouvelles mesures qui seront appliquées dès 2020 dans l’Église de Montréal

Abbé à la paroisse Saint-Luc, à Dollard-des-Ormeaux, Bertrand Monpetit a été l’un des premiers à participer au projet-pilote du diocèse de Montréal, l’automne dernier. Il croit qu’il était temps que l’Église adopte une politique aussi ferme en matière de protection des personnes vulnérables.
Abbé à la paroisse Saint-Luc, à Dollard-des-Ormeaux, Bertrand Monpetit a été l’un des premiers à participer au projet-pilote du diocèse de Montréal, l’automne dernier. Il croit qu’il était temps que l’Église adopte une politique aussi ferme en matière de protection des personnes vulnérables. Photo Chantal Poirier


L’Église de Montréal prend les grands moyens pour protéger les personnes vulnérables. Tous ses prêtres et plusieurs employés ne pourront plus être isolés avec un enfant et seront obligés de fournir leurs empreintes digitales, a appris notre Bureau d’enquête.

C’est la première fois que des mesures du genre seront mises en place à une aussi grande échelle au Québec. D’ici 2020:

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  • Aucun prêtre, bénévole ou membre du personnel d’une paroisse ne pourra se retrouver isolé, sans le «regard d’un autre adulte», avec un enfant.
  • Chaque personne devra au minimum fournir des références et suivre un code d’éthique sévère, en plus de faire l’objet d’une supervision en continu.
  • Une politique de filtrage en 10 étapes sera implantée dans toutes les paroisses. Chaque poste sera évalué en fonction de son niveau de risque potentiel d’abus envers une personne vulnérable.
  • Chaque personne occupant un poste jugé à «risque élevé» (ex. curé, vicaire, diacre, directeur de chorale) devra fournir ses empreintes digitales et faire vérifier ses antécédents judiciaires par la police tous les trois ans.

Ces mesures font suite au projet-pilote mis en place l’an dernier dans une dizaine de paroisses pour mettre fin aux scandales de pédophilie qui entachent l’Église.

Satisfaite des résultats, l’Église de Montréal a décidé d’aller plus loin en implantant une politique de «pastorale responsable» dans l’ensemble de ses 194 paroisses disséminées à Montréal, Laval, Repentigny et L’Assomption.

«Ça se mérite»

«La confiance, ça se mérite», lance d’emblée Mgr Alain Faubert, vicaire général et évêque auxiliaire de Montréal.

Celui qui supervisera l’implantation de cette politique affirme que l’Église s’est inspirée des «meilleures pratiques» observées notamment chez les scouts et les organisations sportives.

Abbé à la paroisse Saint-Luc, à Dollard-des-Ormeaux, Bertrand Monpetit a été l’un des premiers à participer au projet-pilote du diocèse de Montréal, l’automne dernier. Il croit qu’il était temps que l’Église adopte une politique aussi ferme en matière de protection des personnes vulnérables.
Mgr Alain Fauber, Vicaire Photo Ben Pelosse

«Il y un enjeu de crédibilité. À un moment donné, il faut que nos bottines suivent nos babines. L’Église ne fait pas exception. Je ne crois pas qu’elle peut revendiquer le droit d’être cru sur parole sur tout ce qu’elle va dire et va faire. On doit montrer notre cohérence», affirme Mgr Faubert.

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Ce dernier promet que personne au sein de l’Église ne pourra se soustraire à cette nouvelle politique.

Par exemple, pour une confession lors d’une première communion, les parents pourront être présents avec leur enfant. Le cas échéant, la confession pourrait se dérouler sous le «regard d’un autre adulte» présent à proximité.

Remous à prévoir

«On vise toutes les personnes vulnérables. On pense particulièrement aux enfants et aux personnes âgées qui pourraient être manipulées pour de l’argent, par exemple. C’est une politique qui vise à éviter les abus physiques, mais aussi psychologiques.»

Mgr Faubert admet s’attendre à ce que la sévérité de cette nouvelle politique crée quelques remous, mais se dit confiant que tous finiront par s’adapter à cette nouvelle réalité.

«Je sais qu’il y a des gens qui sont bénévoles à notre service d’accompagnement spirituel pour les malades depuis 25 ans. Ça fait 25 ans qu’ils en font des rencontres et il n’y a jamais eu de problèmes. Et là on leur demande de fournir leurs empreintes digitales. Il faut leur lever notre chapeau.»

«On n’a rien à cacher»

L’Église n’a rien à cacher et une telle politique aurait pu être mise en place beaucoup plus tôt, croit un curé montréalais.

Abbé à la paroisse Saint-Luc, à Dollard-des-Ormeaux, Bertrand Monpetit a été l’un des premiers à participer au projet-pilote du diocèse de Montréal l’automne dernier.

Aujourd’hui, il se réjouit de voir le projet de politique prendre forme.

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«Il faut protéger les personnes vulnérables. Ça nous donne une meilleure crédibilité. Ça montre que l’Église ne vit pas hors du monde», dit celui qui est prêtre depuis 1989.

 

Un à deux ans

L’implantation de cette nouvelle politique n’a toutefois rien de simple. L’abbé Monpetit prévoit qu’il faudra d’un à deux ans avant de compléter le processus et de terminer la vérification de tous les antécédents des 80 personnes identifiées comme occupant un poste à risque dans son église.

«Comme dans n’importe quel nouveau projet, il y a de la résistance. Des bénévoles qui sont là depuis plus de 30 ans se demandent pourquoi ils doivent fournir leurs antécédents. Mais pour moi c’est clair que tout le monde doit passer par là.»

«Si ça permet de protéger ne serait-ce qu’une seule personne, tout cela aura valu la peine.»

 

De nombreux scandales

Abbé à la paroisse Saint-Luc, à Dollard-des-Ormeaux, Bertrand Monpetit a été l’un des premiers à participer au projet-pilote du diocèse de Montréal, l’automne dernier. Il croit qu’il était temps que l’Église adopte une politique aussi ferme en matière de protection des personnes vulnérables.
Le pape François, que l’on voit ci-contre avec le premier ministre Philippe Couillard, a demandé pardon au nom de l’Église aux victimes des prêtres pédophiles en 2014. Photo tirée de Twitter

L’an dernier, Le Journal révélait qu’au moins 600 Québécois (es) avaient été victimes d’agression sexuelle de la part de prêtres, frères ou employés de l’Église depuis les années 1940. Voici quelques-uns des scandales qui ont fait les manchettes.

2001

  • Lancement du programme national de réconciliation pour les orphelins de Duplessis qui reçoivent une compensation financière du gouvernement. On estime qu’environ 5000 enfants, sous le règne de Duplessis, ont été étiquetés comme étant des «malades mentaux» et internés dans des asiles. Plusieurs d’entre eux affirment avoir été agressés sexuellement.
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2013

  • Plus de 200 victimes reçoivent une indemnisation allant de 10 000 $ à 250 000 $ de la Congrégation de Sainte-Croix, pour avoir subi des sévices dans les pensionnats du Collège Notre-Dame, du Collège de Saint-Césaire et de l’école Notre-Dame de Pohénégamook entre 1950 et 2001.

2014

  • D’anciens élèves des pères rédemptoristes du Séminaire Saint-Alphonse ont gain de cause dans un recours collectif. Ils recevront une somme totale de 20 M$.
  • Le pape François s’excuse au nom de l’Église auprès des victimes. «Il est de mon devoir d’assumer personnellement tout le mal que certains prêtres ont fait. Ils sont nombreux, même s’ils sont peu nombreux par rapport au nombre total de prêtres dans l’Église. En mon nom, je demande pardon pour le mal qu’ils ont fait d’avoir agressé sexuellement des enfants.»

2016

  • Plus de 150 personnes sourdes ayant été agressées sexuellement par les Clercs de Saint-Viateur reçoivent 30 M$ en indemnisations.

 

La nouvelle politique de pastorale responsable

Le but

  • Prévention des mauvais traitements envers les enfants et les personnes vulnérables
  • Protection du clergé et des bénévoles contre des «allégations de méfait»

Les étapes

  • Processus de filtrage des anciens et nouveaux employés
  • Vérifications des antécédents judiciaires et prise d’empreintes digitales (uniquement pour les personnes dans un poste jugé à risque)
  • Application d’un code d’éthique sur l’intervention auprès des mineurs et des personnes vulnérables qui stipule notamment que:
    • Un membre du personnel ou un bénévole ne doit jamais utiliser son téléphone cellulaire ou appareil photo pour photographier un mineur ou une personne vulnérable.
    • Il ne doit pas non plus communiquer avec cette personne (appels, SMS, courriels) en dehors du cadre normal de ses responsabilités.
    • Il ne peut pas accepter de rémunération, cadeau ou avantage de la part des personnes auprès desquels il exerce son ministère.
    • Lors d’une activité, il doit toujours y avoir au moins deux membres du personnel ou bénévoles. La salle du local doit rester en tout temps ouverte.
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